Alors qu’une guerre sans nom ravage l’Algérie, les exactions des Groupes islamistes armés (GIA) frappent l’opinion et masquent la diversité du mouvement islamiste.
Dès sa création, en 1989, le Front islamique du salut devient l’expression d’un vaste mouvement social contestataire. Cependant, la conception du futur État islamique fait l’objet de désaccords, conjugués à des rivalités de personnes, entre les « technocrates », qui prônent un islamisme modernisateur, et les « théocrates », ardents prédicateurs d’une révolution puritaine et totalitaire. A la fois mouvement de masse et parti de cadres soucieux de respectabilité et d’intégration, le FIS ne peut préserver son unité après son interdiction en janvier 1992. A l’épreuve de la répression, il est tiraillé entre la stratégie institutionnelle de sa direction et l’option « militaire des groupes armés formés par sa base.
Sur le terrain, la dérive morbide des GIA les fait bientôt largement échapper au contrôle du FIS et de l’Armée islamique du salut, sa branche armée. Intégrer cette jeunesse radicalisée et renouer avec un champ politique pacifié, tels sont les enjeux majeurs du dialogue qui devrait s’esquisser aujourd’hui.
Fruit de trois années d’enquête de terrain en Algérie et en Europe, ce livre éclaire les projets de société et de prise de pouvoir des islamistes algériens et offre une analyse nuancée d’une idéologie de contestation sociale, instrument de conquête du pouvoir politique.