Les classes moyennes sont souvent considérées comme le noyau stable de la société. En réalité, elles sont le lieu où s’expriment les aspirations les plus intenses à l’ascension sociale et les craintes les plus aiguës face au déclassement. Aiguillonnées par la peur de tomber et le désir de s’élever, elles ont su maintenir leur position tout au long des dernières décennies, au terme d’une compétition sans merci pour les statuts les plus protégés, les quartiers les plus sûrs et les diplômes les plus valorisés. Dès lors, ces « nouvelles classes moyennes » se caractérisent par trois traits fondamentaux : leur centralité sociale, leur dynamisme, leur position d’arbitre. Incarnant à la fois une « France qui tient » et une « France qui monte », elles sont essentielles pour comprendre les transformations de notre pays et, sans aucun doute, son avenir politique immédiat.
Dominique Goux est sociologue, chercheuse au Centre de recherche en économie et statistique (CREST). Elle a publié de nombreux articles de référence sur la stratification et la mobilité sociales en France.
Éric Maurin est directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’École d’économie de Paris. Il a notamment publié Le Ghetto français (Seuil/La République des Idées, 2005), La Nouvelle Question scolaire (Seuil, 2007) et La Peur du déclassement (Seuil/La République des Idées, 2009).