Très souvent interrogée sur les raisons qui l'ont fait changer de culture, de pays, de langue, Ying Chen s'exprime librement sur ses choix et sur les hasards qui ont marqué son parcours personnel. Née à Shanghai et transplantée tout d'abord à Montréal, puis à Vancouver, elle revient dans sa ville natale et décrit les transformations d'une mégalopole qu'elle a connue en pleine révolution culturelle. Son uvre se démarque de tout folklore, de toute « chinoiserie », comme elle le dit ironiquement. Dans des lettres ouvertes à ses enfants qui n'ont pas connu son pays et à un ami resté en Chine, elle donne son point de vue sur l'universalisme. « Je deviens une feuille solitaire qui rêve de se replanter ailleurs. Mes ancêtres disaient que les feuilles mortes devaient rejoindre leurs racines. Mais je me refuse à un sort aussi naturel et aussi banal. Par un coup de vent capricieux, je me suis laissé emporter jusqu'en Occident. Je me glisse dans une autre langue et espère y renaître. »
L'ensemble du recueil peut être lu comme un manifeste pour la littérature pure.