De la critique de l’imaginaire critique. Deux sortes de textes : anciens, avec jargon (maladroit plaisir d’époque où la profusion du néologisme recouvrait rarement la nouveauté du concept), prononcés à la première personne du pluriel, modestie souveraine du chercheur noyé dans le collectif d’une logique désirée universelle ; récents dits par le « je » de l’écrivain revendiquant, au contraire, avec une vanité indispensable et un peu sotte, une identité sans réplique. J’ai choisi les premiers parce qu’ils parlent de la même chose que les seconds, une chose trop vaste, la fiction et son corpus démesuré, et qu’en cela tous sont plus proches de l’idée (l’essai) que du savoir (la discipline). Entre eux (1978-1987), justement ce dont ils parlent, la fiction. Une fiction avec le même désir, l’élucidation, cernant la liberté de l’imaginaire par les calculs de la méthode, ce qui fait que la liberté devient, elle aussi, un calcul. Il faut bien, à l’heure où la linguistique, la logique et la biologie, après avoir affronté en ordre dispersé l’intelligible, s’associent pour affronter l’intelligence. Donc son aptitude divine, l’invention, et son enfant le plus achevé, fait de plaisir et de sens, de poétique et de logique : la littérature, une musique cognitive.
Michel Rio, Paris, 1991