« Il fait beau. Tu me dis que paris danse et que la lumière est pour toi. Les gens de la rue te regarderont passer, tu seras belle. Tu sais que tu tournes dans quinze jours. Tu es une comédienne sans souci. Tu devines que, partout, des caméras te cherchent, partout des auteurs fabriquent des mots pour toi. En leur honneur, tu te choisis une jupe courte et je te surprends au moment où, juste avant de sortir, tu donnes un tour supplémentaire à ta ceinture, pour que la jupe paraisse plus courte encore ».
Elle est comédienne. Il l’aime quand elle tourne. Il l’aime quand elle ne tourne pas. Il la regarde : jouer, attendre, répéter, espérer, mentir comme son métier l’exige, faire une bonne ou mauvaise figure. Lui n’a pas d’autre rôle à jouer, pas de ligne à apprendre. Il la regarde pour mieux la garder.
Paul Fournel. Né en 1947 à Saint-Étienne. A publié de nombreux recueils de nouvelles parmi lesquels Les petites filles respirent le même air que nous, Les Grosses Rêveuses et Les Athlètes dans leur tête (bourse Goncourt de la nouvelle, 1989).
« Il y a très longtemps que je l'ai lu, 20 ans, je ne m'en souviens que comme un poème et elle ne l'avait pas aimé. Il faudrait peut-être le relire. » Lire plus