Vineland est une région de montagnes boisées inventée par Pynchon (dont c'est ici le quatrième roman, après dix-sept ans d'interruption, depuis le très célèbre Arc-en-ciel de la gravité ), mais située très précisément en Californie du Nord, entre Eureka et Crescent City : c'est le pays des grands séquoias rouges et de la brume. On y produit du bois de sciage et de la marijuana. Vineland fait évidemment référence à «Vinland», nom par lequel les navigateurs vikings avaient désigné la terre américaine qu'ils venaient de découvrir: le «pays du vin». La jeune Prairie, qui a quatorze ans en 1984, moment où se dénoue l'histoire rocambolesque racontée dans ce livre, recherche sa mère, Frenesi Gates, qui est un personnage quasi mythique des mouvements radicaux qui s'étaient développés au début des années 1970, notamment après les révoltes de Berkeley.
Mais le grand personnage du livre, le représentant du Mal et des forces flamboyantes de la répression, c'est évidemment le persécuteur des gauchistes, l'amant fou de Frenesi Gates, Brock Vond, le procureur fédéral, obsédé sexuel délirant, qui rêve de rafler une fois pour toutes les «rouges» réfugiés dans les vallées de Vineland : anciens du Mouvement, gauchistes, fumeurs de joints, ex-hippies, funambules communistes, bûcherons anarcho-syndicalistes, et autres réparateurs de gouttières itinérants.
Le livre est un immense flash-back, ludique et hautement coloré, dans l’histoire de la gauche américaine, un lent glissando mélancolique – sur fond de blues à l’harmonica et de rock and roll frénétique – dans les archives poisseuses (sexe et politique) du pays : c’est le temps de la paranoïa et de la trahison.
« Le meilleur roman sur la Californie de la contre-culture pendant les années 60-70. » Lire plus